Accueil » Consultation du chat âgé, le protocole vétérinaire » Etape 3 : Examen clinique
La consultation sénior se compose de la même manière qu’une consultation générale avec un examen clinique rigoureux qui passe en revue tous les appareils de manière systématique, en insistant sur certains points spécifiques de l’animal âgé.
L’examen clinique devrait se faire dans des conditions optimales, au calme avec des manipulations douces particulièrement au niveau musculo-squelettique pour éviter le stress et prévenir les douleurs procédurales (induites).
Signalement : race, sexe, âge, lieu et mode de vie, congénères, alimentation, affects précédents …
Hardie ME Radiographic evidence of degenerative joint disease in geriatric cats: 100 cases (1994–1997) J Am Vet Med; Assoc 2002;220:628–632; Lascelles BDX et al., Vet Surg 2010; 39: 535-44. Slingerland LI et al., Vet J 2011; 187: 304-309. Lascelles BDX., et al., BMC Vet Res 2012; 27: 8:10
Antécédents médicaux et historique de la douleur
Signes cliniques relevés par le propriétaire
Les 6 critères FMPI : handicap et mobilité
Enomoto M et al. Development of a checklist for the detection of degenerative joint disease-associated pain in cats; Journal of Feline Medicine and Surgery 2020; 1–11
Voir aussi les vidéos réalisées par le propriétaire : activités du quotidien.
Déplacement libre dans la salle de consultation, évaluation de la démarche : boiterie, raideur …
→ 16,7 % des chats arthrosiques présentent une boiterie
Clarke S. P. et Bennett D. Feline osteoarthritis: a prospective study pf 28 cases. J. Small. Anim. Pract. 2006;47 (8):439-45.
Placement sur la table d’examen: posture, comportement, état de conscience
Indispensable en raison d’une forte prévalence de la multimorbidité.
→ 70 % des chats arthrosiques présentent une MRC
Marino CL et al. Journal of Feline Medicine and Surgery 2014, Vol. 16(6) 465–472
Recherche amyotrophie (muscles sus et sous épineux, triceps, glutéaux, quadriceps …), sarcopénie (vieillesse), cachexie (multimorbidité) entraînant dynapénie (perte de la force musculaire)
Recherche hypersensibilité (allodynie), fasciculations musculaires par carressage.
Placé proprioceptif
Evaluation parésie, ataxie, …
→ L’arthrose du chat est majoritairement pluriarticulaire
PERRY K Feline hip dysplasia A challenge to recognise and treat Journal of Feline Medicine and Surgery (2016) 18,203–218
→ Les articulations les plus souvent atteintes d’arthrose : hanches > coudes > tarses > grassets > épaules et carpes
Lascelles, B.D.X. et al. (2007). Evaluation of Client-Specific Measures and Activity Monitoring to Measure Pain Relief in Cats with Osteoarthritis. Journal of Veterinary Internal Medicine. 21(3), 410–416.
Les deux techniques les plus couramment utilisées pour mesurer la pression artérielle sont la méthode Doppler et l’oscillométrie. Dans les deux cas, le brassard doit être bien ajusté mais pas trop serré, sur le membre antérieur ou sur la base de la queue.
La mise en place systématique de bonnes conditions pour la prise de mesure permet d’effectuer des mesures fiables et reproductibles. De plus, il est important de prendre en compte l’état émotionnel du chat car il peut impacter l’interprétation de la valeur de la PAS et la durée de la mesure.
L’évaluation de l’état d’embonpoint passe par la pesée de l’animal, par une évaluation du score corporel et musculaire ainsi que de son appétit car la composition corporelle se modifie même à poids constant.
Toute variation positive ou négative devra être notée ainsi que sa rapidité d’apparition, en s’aidant des tableaux d’évaluation score corporel et score musculaire chat.
Il faudra évaluer les modifications de la composition corporelle :
– baisse de l’hydratation corporelle total
– baisse de la masse maigre au profit de la masse grasse
cassante.
Une observation et une palpation attentive de tous les territoires cutanés permettront de différencier les signes de vieillissements normaux. Peau fine, perte d’élasticité, séborrhée, réduction de l’activité de toilettage, peuvent conduire à une peau squameuse et à un pelage sec ou gras et terne, rarification pilaire, hyperkeratose, poils blancs (La perte de mélanocytes dans les follicules pileux et la réduction de l’activité de l’enzyme tyrosinase entraînent la production de poils blancs ; cependant, paradoxalement, les moustaches peuvent devenir noires), immunité locale affaiblie, kyste, adenome ; du vieillissement pathologique comme une déshydratation, une dermatite, des nodules, une tumeur, de l’alopécie symétrique, ou un syndrome paranéoplasique.
Chez ces chats, les photodommages non néoplasiques ont été caractérisés par un œdème et une sclérose sous-épidermique, des télangiectasies, une squamatisation des kératinocytes basaux et une augmentation de l’épaisseur de l’épiderme. Ces lésions kératosiques solaires peuvent évoluer vers un carcinome épidermoïde, qui est principalement un cancer du chat âgé, dont l’âge médian est d’environ 20 ans, et qui peut se développer en un cancer de la peau.
Outre les carcinomes épidermoïdes, les tumeurs cutanées les plus courantes observées chez les chats âgés sont les tumeurs basocellulaires bénignes, les carcinomes basocellulaires et les fibrosarcomes.
Des changements dans les habitudes de toilettage, en particulier une augmentation du toilettage, peuvent signaler un problème dermatologique tel qu’une atopie, une allergie alimentaire, une affection cutanée à médiation immunitaire, une maladie infectieuse ou parasitaire, une affection endocrinienne ou un syndrome paranéoplasique.
Pour le chat âgé, l’état d’hydratation est extrêmement important car certaines des comorbidités les plus courantes, telles que la maladie rénale chronique (MRC) et le diabète sucré (DS), entraînent une perte graduelle de liquide corporel. La perte de graisse sous-cutanée et/ou d’élasticité des tissus peut influencer l’interprétation des résultats des tests cutanés et l’humidité des muqueuses pourrait être plus révélatrice de l’état d’hydratation ce qui peut être majorée par une perte de la sensibilité à la soif .
Les griffes ont tendance à s’épaissir et à s’incarner, et à devenir cassante.
La palpation des différents nœuds lymphatiques périphériques permet de détecter une adénomégalie territoriale ou généralisée lors d’affections inflammatoires, infectieuses ou tumorales notamment dans le territoire drainé.
L’examen ophtalmologique commence par une observation attentive des paupières et des conjonctives, d’un examen à l’ophtalmoscope, d’un fond d’œil systématique et d’un test de Schirmer(production variable de larmes)
Les anomalies recherchées pour chaque partie sont :
L’examen de la cavité buccale permet une évaluation de la parodontite (Maladie parodontale présente chez 75% des chats de plus de 10 ans) et de la gingivostomatite, à corréler avec une baisse de la prise de nourriture, ainsi que l’apparition de masses buccales, ou d’ulcère sans oublier l’évaluation de la muqueuse gingivale, du pharynx, du palais, et de la zone sublinguale.
La prolifération bactérienne locales (car l’immunité locale est diminuée) pouvant mener à des abcès parodontaux voire à des fistules oro-nasales ou maxillaires.
L’inflammation et l’infection chronique pourraient contribuer à des phénomènes d’agrégation plaquettaire susceptibles d’entraîner la formation de thrombi, le développement d’endocardites ou l’occlusion des artères coronaires
Palpation région trachéale et thyroïdienne (chez le chat. nodule présent dans 90% des hyperthyroïdie),
Signes associés : Polyphagie, vomissement, amaigrissement, agressivité
La palpation du cou du chat, assis avec le cou allongé ou debout avec la tête surélevée et tournée de chaque côté, révèle une glande thyroïde palpable dans 80 % ou plus des cas d’hyperthyroïdie féline ; cependant, un nodule palpable peut également être détecté chez les chats souffrant d’une maladie non thyroïdienne.
L’auscultation cardiaque du chat âgé est bien évidemment un incontournable. Si 40% des chats présentent un souffle, la plupart du temps fonctionnels, 15% de chats apparemment sains ont une atteinte cardiaque (une CMH notamment). De même, seuls 80% des chats atteints de CMH en stade préclinique présentent un souffle à l’auscultation. Enfin, nombre de pathologies touchant principalement les chats avançant dans l’âge ont des répercussions sur le cœur : HTA, hyperthyroïdie, IRC…
Payne, J. R., Brodbelt, D. C. and Luis Fuentes, V. (2015) ‘Cardiomyopathy prevalence in 780 apparently healthy cats in rehoming centres (the CatScan study)’, Journal of Veterinary Cardiology, 17, Supplement 1, S244-S257.